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A woman and man plant a tree.
Plantation d'un arbre indigène Reserva Privada el Zorzal, la première zone protégée privée de la République dominicaine.
© Conservation International/photo d'Antonia Cermak-Terzian

Des partenariats diversifiés, la clé d'une conservation réussie

L'importance des points de vue divergents, même s'ils provoquent des conflits

Cet article d'opinion a été initialement publié dans l'édition de mars 2021 du magazine Proparco Magazine Secteur Privé & Développement (page 36). 

En 2015, Consortio Ambiental Dominicano, une organisation à but non lucratif composée d'organisations gouvernementales et non gouvernementales, a créé la première réserve privée de République dominicaine autour d'une zone forestière protégée où les communautés villageoises reçoivent de l'aide pour planter des arbres et cultiver du cacao et des noix de macadamia.

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Pierre Carret headshot
Crédit: 
Pierre Carret.

Ces produits de haute qualité sont ensuite commercialisés auprès d'un réseau nord-américain de chocolatiers dans des emballages qui mettent en valeur l'initiative et soulignent la valeur environnementale ajoutée par le partenariat.

Ce modèle pionnier, soutenu par une coopération étroite entre une organisation environnementale et un réseau d'entreprises privées, montre à quoi pourrait ressembler la relation entre le secteur privé et la société civile.

Cependant, il n'épuise nullement toutes les interactions potentielles entre ces deux types d'acteurs, qui peuvent être harmonieuses mais aussi conflictuelles.

La société civile est identifiée comme une partie prenante clé, aux côtés des organisations gouvernementales et du monde des affaires. En particulier, il est reconnu comme jouant un rôle clé dans la conduite de politiques socialement et écologiquement durables. Il est donc important que les entreprises comprennent le rôle que peuvent jouer les organisations de la société civile.

Il existe un véritable potentiel de partenariat entre ces deux types d'acteurs différents, notamment dans le domaine de la protection de l'environnement.

Une grande variété de parties prenantes avec des stratégies de positionnement très différentes

La société civile comprend une multitude de structures différentes, dont des associations à but non lucratif engagées dans la protection de l'environnement. Certes, ces organisations peuvent soutenir et influencer les acteurs économiques, mais elles peuvent aussi s'y opposer et c'est souvent de ce point de vue qu'elles sont perçues par les gouvernements et les acteurs économiques.

En fonction de leur stratégie de positionnement, nous pouvons classer les organisations non gouvernementales environnementales dans différentes catégories.

"Alors que les monopoles peuvent créer des situations confortables, ils peuvent également étouffer l'innovation, la prise de risque et le débat."

Les associations naturalistes, qui sont souvent les plus anciennes de ces groupements, avaient au départ des objectifs scientifiques. Ils sont aujourd'hui les principaux pourvoyeurs de données sur la biodiversité, que ce soit pour un territoire donné ou pour des groupes d'espèces (oiseaux, mammifères marins, plantes, etc.).

Les associations de type NIMBY (ie, « Not In My Backyard ») s'opposent aux projets qui pourraient endommager l'environnement au sein de leurs espaces de vie restreints.

Les organisations « centrées sur les modèles » développent une vision plus politique en attaquant les modèles économiques ou en proposant des alternatives. Cette dynamique d'opposition/proposition peut être ancrée localement ou s'étendre à des préoccupations globales telles que les plastiques, la déforestation, l'agriculture industrielle, etc.

Ils jouent parfois le rôle de lanceurs d'alerte ou de sensibilisation aux causes environnementales. Les organisations « expertes » contribuent à façonner les débats autour de certaines questions, à rechercher des alternatives et des solutions, et à aider volontiers les autres parties prenantes à dynamiser leurs actions.

Enfin, des organisations de type « gestion » de plus en plus répandues cherchent à s'assurer un rôle plus actif dans la préservation du milieu naturel et dans les actions, notamment au niveau local et elles gèrent actuellement de nombreux espaces naturels. 

Évidemment, cette typologie simpliste est poreuse. Le rôle de certaines organisations peut varier et changer au fil du temps au fur et à mesure que leurs dynamiques internes et leurs enjeux eux-mêmes changent ou que la situation environnementale évolue au sein de leur propre sphère d'influence. 

Le besoin d'une communauté de conservation forte et diversifiée

Naturellement, les acteurs du secteur privé ont généralement une nette préférence pour les organisations de type « expert » avec lesquelles il est plus facile de nouer des partenariats. Les associations naturalistes sont également bien considérées du seul fait de leur capacité à fournir les données nécessaires à la prise de décision. Évidemment, ceux qui se présentent comme une force d'opposition sont moins populaires parmi les opérateurs du secteur privé.

« Il est important pour le secteur privé d'embrasser la diversité des acteurs de la société civile malgré la frustration parfois ressentie face à l'opposition.

Néanmoins, tous ces différents types d'organisations sont essentiels pour une société civile dynamique et pour une gouvernance efficace de nos sociétés en général. Comme pour tout écosystème, les relations d'interdépendance entre ces organisations aident l'ensemble de l'environnement à fonctionner correctement.

Le CEPF a travaillé dans des pays où une organisation environnementale a eu une quasi-hégémonie pour des raisons historiques, ce qui a conduit à de nombreux échecs dans le fonctionnement des politiques de conservation.

Tout comme dans le secteur à but lucratif, si les monopoles peuvent créer des situations confortables, ils peuvent également étouffer l'innovation, la prise de risque et le débat.

Il est donc important pour le secteur privé d'embrasser la diversité des acteurs de la société civile malgré la frustration parfois ressentie face à l'opposition de certaines de ces parties prenantes.

Et il est également important que cette compréhension mutuelle aboutisse à des partenariats respectueux de l'environnement. C'est exactement ce que le CEPF cherche à promouvoir. Au cours des 20 dernières années, le CEPF s'est associé à plus de 2,350 98 organisations locales dans 242 pays et territoires et a accordé plus de XNUMX millions de dollars US de subventions.

Environ 3 % de cet investissement (6.7 millions de dollars US) sont allés aux coopératives et aux micro-entreprises. Parallèlement, le CEPF a soutenu un grand nombre d'initiatives visant à renforcer une collaboration efficace entre la société civile et le secteur privé.

Le portrait de Pierre Carret. © Nikki Davis Photographie.