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Olivio Bisbicus Pascal wearing hat, looking at camera.
Légende: 
Le leader environnemental awá Olivio Bisbicus Pascal.
Crédit: 
© Luis Fernando Gómez N./WWF Colombie

Il y a vingt ans, Olivio Bisbicus Pascal a fondé la Reserva Natural ɨnkal Awá La Nutria pour protéger le territoire ancestral de sa communauté dans la forêt andine de Colombie. Les Awá comprennent quatre groupes différents, dont trois ont reçu un financement du CEPF. Leur territoire collectif chevauche la ligne de démarcation de l'Équateur, avec des membres vivant de chaque côté. La réserve sert de corridor important pour la biodiversité : sur 369 hectares vivent au moins 322 espèces d'oiseaux, 300 espèces d'orchidées et 36 espèces de grenouilles. 

"Olivio est un défenseur de longue date de la conservation et de la protection du territoire du peuple Awá. Il est représentatif de la lutte des peuples autochtones pour défendre leurs terres et leur biodiversité contre des pressions incroyables."Michèle Zador, directrice des subventions

Malheureusement, le couloir de la Colombie à l'Équateur est également un passage important pour les trafiquants de drogue. 

En luttant pour préserver leurs ressources naturelles, les Awá sont gravement menacés : six défenseurs de l'environnement awá ont été assassinés en 2018 et 2019. Sans se laisser décourager, M. Bisbicus Pascal continue de jouer son rôle de leader environnemental dans sa communauté.

Le CEPF a aidé le Awa renforcer leur gouvernance territoriale, mieux identifier les zones géographiques de la réserve et documenter les oiseaux, reptiles, amphibiens et arbres de la région.

Dans ses mots

CEPF : Comment vous êtes-vous engagé dans la conservation ? Est-ce quelque chose que vous avez toujours voulu faire ?
Olivier : Je suis ɨnkal Awá, fils de la forêt. J'ai grandi au sein de Dame Nature dans une terre riche, un territoire à fort potentiel de biodiversité en forêts, rivières, gorges, oiseaux et espèces sauvages. Depuis tout petit, j'ai commencé à marcher et à observer notre territoire. Ma vie entière s'y est mêlée; mes pratiques culturelles y sont liées, y compris ma langue maternelle Awapit.

Les animaux ont des propriétaires, ce sont des esprits, ils sont invisibles et ils sont dans la forêt. Toutes les espèces ont leur propriétaire et chacune a sa propre forme : naturelle et culturelle. Ils font des bruits, des signes et laissent des traces. Nous interprétons ces signes à partir de notre culture et de nos ancêtres. De cette façon, nous comprenons que la forêt est protégée par eux. Si les communautés cessent de conserver les esprits, elles s'éloignent. Par exemple, quand il y a déforestation, quand les sites sacrés sont détruits, ils doivent partir. Ils se sentent concernés par la destruction de la nature et sont chargés de punir ceux qui ne respectent pas les normes ancestrales, les mandats de la nature. C'est pourquoi nos communautés se soucient depuis longtemps de la nature.

Historiquement, les Awá ont été les gardiens de la nature, les protecteurs du territoire. En tant qu'enfants de la forêt, nous avons cette grande responsabilité. 

CEPF : Qu'est-ce qui menace le mode de vie du peuple Awá ?
Olivier : Le conflit social et armé a affecté notre survie physique et culturelle, ainsi que l'exercice de l'autonomie gouvernementale. Des menaces ont été ressenties au sein du territoire et de son mode de vie, ce qui a amené des changements dans nos dynamiques internes. Des phénomènes tels que l'acculturation, la présence d'acteurs armés et les cultures de coca ont affecté l'harmonie et l'équilibre de la nature.

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Olivio with young man and five children, standing in the rain.
Crédit: 
Olivio met l'accent sur le rôle de l'éducation dans la protection de l'environnement et de la culture. © Luis Fernando Gómez N./WWF Colombie

CEPF : Comment avez-vous vu les écosystèmes locaux et la biodiversité changer dans votre vie ?
Olivier :
Les sources d'eau ont été contaminées par des hydrocarbures, des arbres ont été abattus pour la plantation de coca, le glyphosate a été utilisé pour la fumigation. Nous avons des espèces menacées et les écosystèmes du territoire Awá se sont détériorés.

Cependant, il est important de souligner que nous avons encore des écosystèmes en bon état. Le territoire présente une grande diversité biologique et culturelle. Nous avons des initiatives, des espoirs de vie, des espoirs d'avoir une forêt mieux entretenue par la communauté.


CEPF : Quel avenir pour vous ?
Olivier : Nous rêvons que notre territoire soit respecté, qu'il bénéficie d'une plus grande attention des institutions gouvernementales locales, départementales, nationales et internationales. Qu'elle soit écologiquement durable, contribuant à l'amélioration des conditions de vie des communautés Awá et que la gouvernance environnementale soit menée par les autorités environnementales ancestrales du territoire.

Réponses traduites de l'espagnol.

Projets financés par le CEPF pour aider les Awá